L'hôtel hospitalier est un modèle d'hébergement temporaire pour des personnes dont l'état de santé ne requiert pas de soins médicaux continus. Il permet d'améliorer la prise en charge des patients tout en diminuant le nombre de jours d'hospitalisation, générant ainsi des économies pour le système de santé. Comme tout soin, il fera l'objet d'une prescription médicale. De plus, en « externalisant » certains patients, il leur permet, ainsi, de rester acteurs de leurs soins en les replaçant au cœur du soin.
Hôtel hospitalier : leur naissance
Les hôtels hospitaliers rencontrent un grand succès dans de nombreux pays. Les premiers sont nés dans les pays nordiques, pays où l'ambulatoire, qu'il soit médical ou chirurgical, est développé depuis de longues années. Ces hôtels hébergent des personnes autonomes et mobiles.
Selon les pays, les hôtels hospitaliers comportent ou pas une surveillance médicale minimale avec la dispensation de soins infirmiers si nécessaire. C'est le cas de l'Australie et de la Finlande alors qu'en Suède, Norvège, Danemark, Grande Bretagne et Belgique, ils n'offrent pas de soins aux personnes.
En Allemagne, en Suisse et aux États-Unis, les hôtels hospitaliers vont jusqu'à proposer des chambres médicalisées.
En France, quelques expérimentations ont vu le jour autour des années 1990. Aujourd'hui, pilotés par l'ARS (Agence régionale de santé), cinq projets ont été mis en place à Paris et en région parisienne au début de l'année 2016. Suite à l'arrêté du 6 juillet 2017, 41 établissements de santé participent désormais à cette expérimentation.
Ces hôtels sont la juste conséquence des progrès de la médecine et de la chirurgie ainsi que du besoin de réduire nos dépenses en matière de santé. Ainsi, l'hôtel hospitalier fera partie de paysage de l'hôpital de demain qui va être plus ambulatoire et recentré sur ses missions d'expertise et techniques.
Objectifs et caractéristiques de l'hôtel hospitalier
Spécificités
La taille de la structure est généralement soit petite avec un nombre de lit inférieur à 25, soit grande avec une capacité de plus de 100 lits, ce qui est souvent le cas des structures les plus récentes.
L'hôtel hospitalier sera de préférence implanté au sein de la structure hospitalière apportant ainsi aux patients un sentiment de sécurité plus important et une facilité pour se déplacer. Cependant, des conventions peuvent être passées soit avec des associations, soit avec des hôtels extérieurs.
Même si l'hôtel hospitalier est lié à l'hôpital, sa gestion est indépendante et peut être faite soit par une association type maison des familles qui accueille alors patients et familles, soit par des prestataires qui louent ou deviennent propriétaire d'un bâtiment cédé par l'hôpital.
Prise en charge
Cet hébergement transitoire qui intervient entre l'hospitalisation et le domicile permettra d'améliorer la prise en charge des patients en réduisant leur séjour au strict temps requis par les soins et en améliorant leur confort, ainsi que générer des économies pour l'assurance maladie.
La nuitée d'hôtel n'est pas à la charge du patient mais prise en charge par l'hôpital qui se charge ensuite de se faire rembourser par l'assurance maladie et/ou les mutuelles. Dans certains cas exceptionnels, l'hôpital prend en charge la nuitée partiellement ou complètement quand le patient n'a pas de mutuelle. Cela demande à l'hôpital une réorganisation de son système de soins et de gestion.
Lorsqu'un accompagnant est nécessaire, ses nuitées sont très souvent prises en charge ; cependant, lorsque sa présence n'est pas indispensable, il devra alors s'en acquitter directement auprès de l'hôtel.
Qui est concerné ?
C'est le médecin qui prescrit ce type d'hébergement :
- pour des patients sortis ou non encore admis (chirurgie ambulatoire, certains cas d'obstétrique, etc.) ;
- pour des patients autonomes car la structure est non-médicalisée ;
- pour des patients non atteints de troubles mentaux, temporo-spatiaux ou d'addictions (sauf s'ils sont accompagnés) ;
- pour des patients non porteurs d'agent pathogène transmissible (infection) ;
- pour des patients éloignés géographiquement qui doivent suivre des traitements longs, séquentiels ne nécessitant pas une hospitalisation en continu ou qui sont dans l'attente d'examens ou de bilans spécifiques ;
- pour des patients dans l'attente d'une place en structure non médicalisée, etc.
Atouts des hôtels hospitaliers
Ce nouveau modèle d'hébergement présente de nombreux avantages tant pour le patient que pour l'ensemble de la communauté.
Pour le patient
Cette nouvelle prise en charge améliore son confort, c'est-à-dire que le patient reçoit des soins médicaux sans pour autant se retrouver isolé de sa famille et plongé dans un milieu inconnu et pouvant être effrayant. De plus, de par le fait de ne pas séjourner de façon continue ou trop longtemps dans les services de soins, cela limite le risque d'infection nosocomiale (infection associée aux soins et contractée lors d'un soin ou au cours d'une hospitalisation).
Ce nouveau modèle de prise en charge favorise aussi le maintien de l'autonomie des personnes âgées puisqu'un alitement prolongé, la perte des repères familiaux sont des facteurs de risque de dépendance. De plus, de nombreuses études ont montré que plus l'hospitalisation est courte (dans la mesure du possible), plus la personne récupère rapidement (l'environnement familier jouant un rôle très important dans le rétablissement ainsi que le fait de se sentir moins « malade »).
L'hôtel hospitalier permet un accès aux soins facilité pour les personnes géographiquement éloignées des structures hospitalières dans le sens où la personne peut profiter d'une nuitée avant une hospitalisation, ou ne pas être obligée de refaire un long trajet après une chirurgie ambulatoire par exemple, ou encore de pouvoir rester sur place en cas de soins programmés sur plusieurs jours.
Pour la collectivité
Cette nouvelle organisation des soins réduits les coûts de santé pour la société ; les lits médicalisés très coûteux sont ainsi réservés aux personnes dont l'état de santé exige une prise en charge médicale continue. Elle permet également de libérer plus rapidement des lits d'hospitalisation, diminuant l'engorgement des services d'urgence et améliore encore la rotation des lits.
Enfin, du fait de la possibilité de séjourner sur place, cela entraîne une réduction du nombre des transports sanitaires souvent très onéreux.